(Tiens, ça marche ! Il est 'possible' de poster plusieurs bricoles d'affilée, en fait... Il suffit juste d'espacer suffisamment les publications, faute de quoi la suivante reprend et modifie la précédente. Bon à savoir !)
Le troisième ("Aquanox : Revelation"), de façon intéressante, expliquait indirectement les parti-pris du deuxième : après le succès commercial de celui-là, le studio aurait en effet (si tel avait été son objectif) pu poursuivre avec un autre titre identique, simplifié (ou du moins plus accessible) par rapport au premier du nom, en reprenant le même personnage principal (celui des deux premiers épisodes), avec un énième scénario "Truc-sauve-le-monde" (comme d'habitude), avec une structure d'évolution (personnages, vaisseaux, lieux explorés) similaire aux précédents, quasi exclusivement basé sur une jouabilité nerveuse parsemée d'explosions à loisir. Et non, au contraire, ils prirent beaucoup de risques - trop d'ailleurs, probablement, ce qui explique l'accueil (critique et commercial) plus mitigé que reçut le concerné - en remettant au goût du jour nombre de concepts d'"Archimedian Dynasty", grâce au(x bénéfices commerciaux et) moteur Krass 3D issu du précédent titre, en plus de toutes les expériences auxquelles ils avaient procédé (en terme de jouabilité, d'interface et d'accessibilité notamment) chemin faisant... Une sorte de synthèse moderne, avant tout en terme de présentation - les fondamentaux de la série ne varient jamais fondamentalement : une suite de missions au sein d'une trame linéaire, auxquelles s'ajoutent des épisodes optionnels accessibles en fonction de certains choix effectués par le joueur (personnages abattus en combat, ordre des dialogues sélectionnés, etc.) -, qui revenait clairement à certains acquis du départ (les systèmes de dialogue, d'achat-revente et d'évolution du matériel redeviennent un peu plus étoffés), mais sans paresse aucune, en peaufinant (encore) davantage l'interface - de loin la plus aboutie de la série, au point de rivaliser avec les meilleures du genre -, en accentuant le contrôle du joueur à tous les niveaux - la réalisation d'objectifs secondaires (cachés) devient payante, avec bonus à la clef pour celui qui aura assez exploré les possibilités offertes par une mission donnée. Les combats s'avèrent aussi plaisants que ceux du premier "Aquanox" - même avec des coéquipiers qui ont perdu leurs 'immortalités' au passage, ce qui oblige à plus de prudence -, mais le joystick peut à présent être configuré en mode 'Simulation' (pour les nostalgiques du premier jeu) ou 'Action' (pour les amateurs du second), sans qu'il ne devienne indispensable pour autant : l'alliance 'clavier & souris' reste un bon choix... La partie audio tient la route - le (même) compositeur a cette fois favorisé une approche instrumentale plus classique, moins électronique -, quoique j'ai trouvé les thèmes joués en cours de combat trop brouillons pour être prenants. Quant au scénario, complètement à rebrousse-poil par rapport aux deux précédents, il s'aventure à suivre un personnage complètement différent en tous points - un "Mr. Tout-le-monde" jeune, naïf, sérieux ou en tout cas beaucoup moins déjanté -, au sein d'une trame à la fois plus simple et sobre - pas de sauvetage du monde à l'horizon... ou du moins pas de prime abord -, mais pas moins importante, soit lourde de conséquencesn, qui entremêle les thèmes chers à l'"Île au trésor" de Stevenson (une aventure qui représente, chemin faisant, autant d'épreuves, de choix et de renoncements traversés par un jeune garçon en passe de devenir un homme adulte...), vraiment bien réinterprétés et mis en scène. De loin, là aussi, le plus ambitieux - quoique pas forcément plus réussi - de la série... et une claire illustration de la maturité que peut acquérir un professionnel - en l'occurrence le même scénariste) en dix années de métier. Tout ses aspects ne sont pas aussi réussis - certaines scènes sont touchantes, d'autres un peu surjouées ou exagérément émotionnelles -, mais la qualité de l'ensemble demeure constamment (très) élevée.
En fait, ce troisième opus exsude d'une ambition que très peu de critiques (et joueurs) ont apparemment perçue... A un ton plus mature correspond (aussi) une esthétique plus élaborée, plus affirmée et adulte - que l'on l'apprécie ou non -, qu'il s'agisse de graphisme durant les missions, d'images durant les phases de gestion ou encore de représentations des personnages en cours de dialogues par exemple. Au point qu'il représente vraiment, de mon point de vue, l'illustration même du manque d'analyse (finesse ou culture) dont font souvent preuve nombre de professionnels à la charnière entre développeurs et grand public. Parce que, comme Gamespot à l'époque - soit un site de premier plan -, se borner à déclarer que ce titre représente une sorte de "gros patch à 40€" ou qu'il n'apporte pas grand chose de neuf sur la table (par rapport aux précédents, s'entend), il faut (objectivement et indépendamment des sensibilités artistiques de chacun) avoir les neurones bien défoncés aux champignons - à remplacer par toute autre substance sympathique de votre choix ^^ -... ou alors que divers conflits d'intérêts n'aient pas joué en faveur dudit titre à sa sortie. Reste, en essayant de comprendre quelles faiblesses ont pu ne pas jouer en sa faveur, quelques points indéniablement un peu pénibles : L'interface (et la jouabilité en général) en combat, plus épurée, en plus de continuer de souffrir d'un système de ciblage très basique - possibilité de verrouiller un adversaire en visuel, point barre -, perd jusqu'à la possibilité de sélectionner (à distance) le moindre point de repère ou objet susceptible d'aider à retrouver son chemin. Ce qui, combiné au fait d'inciter le joueur à explorer les zones en cours de mission (notamment afin de remplir des objectifs bonus), peut aboutir à des situations absurdes avec un joueur obligé de relancer sa mission, (complètement) perdu au beau milieu de fonds sous-marins arides... et la présence de ce satané pseudo-palier de décompression qui (dans la pratique) empêche de prendre de la hauteur n'arrange évidemment rien. Par ailleurs, à (trop ?) vouloir nier le conformisme des scénarios précédents - dans la veine de SF dite 'épique' qui plait généralement sans trop de soucis... -, le résultat obtenu par l'équipe de développement pourra paraitre un poil trop fade, terne ou ennuyeux aux yeux de certains, d'autant plus (et là, je le regrette personnellement) que ce qui faisait la particularité de l'univers n'est plus aussi activement mis en avant : les effets visuels liés au milieu aquatique paraissent beaucoup moins marqués - honnêtement, le jeu pourrait presque se dérouler à l'air libre par moments, tant l'on en vient à oublier la présence de l'eau ou de faune autour de soi - et la (considérable !) somme d'efforts de recherche en la matière passe souvent à la trappe - notamment dans les dialogues. Je pense que ce point a dû jouer... Enfin, si le scénario est indéniablement (constamment) intriguant, il pêche un peu trop à force de cultiver de pseudo-mystères : nombre d'éléments de compréhension importants ne sont jamais expliqués, donnent conjointement lieu à une accumulation de question trop peu crédible - "Eh, coco ! Arrête donc de lui en poser toujours cinq pour ne te contenter que d'une réponse à chaque fois !" - ou alors (justement) à des réponses trop évasives, même en tenant compte d'une sorte de portée symbolique (et quasi 'initiatique') des concernées - ce qui semble clairement recherché par le scénariste. Cette gêne culmine hélas lors de la conclusion du jeu, soit une cinématique longue mais trop peu figurative, riche en allusions mais pauvre en détails, presque poétique - la frontière entre rêve et réalité n'est plus très claire par endroits -, au point de laisser la majorité des gens (dont je fais partie !) sur leur faim... Pour avoir beaucoup apprécié le scénario à proprement parler, je n'en trouve pas moins sa fin très perfectible : pas ratée, mais trop floue, même si l'auteur comptait probablement reprendre certains points dans un jeu à venir.
Au bout du compte, et cela reste ma conclusion personnelle, il constitue néanmoins certainement le titre le plus abouti de la série... Autant je peux difficilement recommander à quiconque de jouer à "Archimedian Dynasty" - à moins que vous n'ayez vraiment pas peur de passer (beaucoup) de temps sur un jeu souvent peu gratifiant... -, autant les deux suivants paraissent encore tout à fait d'actualité. Découverte vivement conseillée ! Et nous verrons bien si le p'tit dernier se montre à la hauteur de son héritage ^^...
Post edited October 23, 2020 by Zaephir-Moth